Si j’étais une ode et si je pouvais inventer le nom d’une couleur

Elle serait des crépuscules enivrants imaginés par leur propre lumière

Pour accompagner toutes les nuits et tous les jours sa valeur

Et imprégner inlassablement l’être de son essence et de ces manières

 

Comme il est difficile de savoir si c’est elle ou sa complémentaire

Qui rétinienne transmettrait ces effets à notre vif cerveau aveuglé

Elle serait une anti couleur, une non couleur, sans sœur, solitaire

Comme si l’absence de la lumière permettait au noir d’être blanc

 

Cette couleur miroir serait l’illusion de son reflet dans un miroir

Lorsqu’il ne resterait plus rien à refléter pas plus le jour que la nuit

La couleur même du miroir en tout lieu de son envers à son endroit

Et n’aurait pas sa place sur quelconque cercle chromatique produit

 

Elle serait la couleur de la vie, qu’elle pourrait donner chaque jour

Et serait immanquablement différente si approchée par une autre

Personne ne la peindrait au risque qu’elle en jouerait à son tour

Instable, insaisissable par la photo qu’elle voilerait de son spectre

 

Si ce n’était l’univers qui tissait nos reflets permanents et illusoires

L’éclat de cette couleur qu’elle soit fille ou garçon ferait que l’on existe

Son regard aveugle ou tout autant aveuglé par la noire impression

Que les temps immuables ne peuvent effacer cette mémoire qui persiste

 

Son nom qui se moquerait des rimes, des notes, des valeurs, des mots

Ne s’écrierait pas, ne se dirait pas, il se transmettrait tout simplement

Comme lorsque à genoux tu te penches au dessus d’une flaque d’eau

Après que ton doigt ait effleuré la surface et tu attends silencieusement

 

Comme lorsque le soleil se multiplie en transperçant le feuillage agité

De copies parfaites sans que dans notre langue un nom lui soit attribué

 

 

 

 

Misa ATO

Avril 2015